Depuis plusieurs semaines une question me tarabuste. A tel point que parfois même j’en perds le bon sens et que je redoute le regard de mes amis. La canicule pourrait expliquer cette morosité récente et nouvelle, dans la mesure où elle affecte notre métabolisme en tout cas, le mien et que l’âge n’arrange pas la chose, avec parfois, chez certains sujets, un racornissement de l’affect, proportionnel à la prégnance de la chose.
Et j’ai beau retourner la chose dans tous les sens pour tenter de retrouver, sinon la paix totale, du moins un apaisement significatif, comme on est en droit de l’espérer après une vie somme toute banale mais point honteuse, comme la plupart de celles et ceux que je connais , en tout cas les plus aisés qui à ce jour, continuent de bénéficier d’une vie paisible, peut -être un peu chiante, mais on ne peut pas gagner sur tous les tableaux. Tous en tout cas mènent une vie paisible à part quelques douleurs lombaires et autres fuites urinaires qui enrichissent le pharmacien du coin.
Mais aucun d’entre mes amis ne semble , comme moi, fondre dans cet univers poisseux où tout l’être baigne dans une sorte de marécage métaphysique, où l’obsessionnel devient la règle et le doute la souffrance.
Le plus étrange c’est ,qu’a-priori, rien ne semblait devoir me prédisposer à cet état comateux de l’âme d’autant plus que j’avais toujours mis en question ce concept vaporeux qui me semblait emprunt de cucutisme pour jeunes filles des beaux quartiers. Je sais bien que l’on pourra me reprocher cette sorte d’attitude , mélange de certitude prétentieuse et de monisme simpliste qui affecte très souvent les cons, c’est-à-dire le plus souvent les autres, dans une tentative souvent désespérée d’échapper à cette catégorie.
Il reste qu’il faudra bien trouver une issue à ce malaise ontologique qui depuis peu me pourrit l’existence et me glace les pieds, ce qui chez moi est le signe d’un malaise profond ce qui est quand même plus supportable, je le reconnais volontiers, que les épisodes diarrhéiques qui affectent mon ami Marcel quand l’angoisse le saisit.
Ce qui d’autre part me navre – et le mot est faible- c’est ce qui ressemble à un renoncement, car, je le reconnais bien volontiers , tout cela n’a rien d’une chronique, même pas l’apparence . Et j’en entend certains- et il n’ont pas tort- que cet exercice est vain et que le fait d’écrire ne suffit pas pour se revendiquer chroniqueur et que livrer ses états d’âme a quelque chose d’indécent et qu’il faut t’attendre à ce qu’un de ces jours la honte te monte au front.*
Mais, après tout, qu’y a-t-il de malsain à se délivrer du mal qui me ronge en faisant appel à l’écoute de mes amis, quoi qu’il m’en coûte, et si le soulagement est au bout de l’aveu, alors allons -y, je vous dis tout :
« Suis-je devenu réac ? »
Portez-vous bien
*image stupide. Un écureuil monte à l’arbre ;mais appelez-moi quand vous verrez une honte grimper quelque part ;
MA
7 Thermidor CCXXX