Les éditoriaux

Editorial du 20 au 27 decembre

L’année sur le point de s’achever, entre météo grondante et révoltes sociales, tout incite à tenter d’apaiser notre humeur , à mêler bilans et projets , saoulés d’images et de mots, gorgés de cris et de rumeurs, rassasiés de certitudes et de prévisions par les spécialistes et les devins (ce sont les mêmes). Se poser, respirer, prendre du recul, réfléchir, souffler, rire, aimer, oser, partager, enfin faire tout ce que l’on a négligé , oublier l’individu pour réenchanter le citoyen, rendre justice aux femmes . Alors, peut-être pourrons-nous aborder ce qui va naître avec courage et détermination.
« Billevesées me souffle mon ami Marcel qui est loin d’être etc, etc….. Je te trouve bien pleurnichard et bisounours ». Il est vrai que je ne l’ai pas habitué à ce genre de propos, le ton grave n’est pas mon affaire. D’autant plus que , depuis quelque temps- est-ce le silence médiatique de madame Boutin ?- j’ai retrouvé le plaisir de la lecture, qu’il s’agisse de poésie, de romans ou d’essais,de Christian Bobin à Thomas Piketty.
Serait-ce déplacé de ma part de nous inviter à délaisser un moment nos écrans,
à retrouver le goût de l’échange , de la réflexion , voire du discours philosophique qui n’est pas l’apanage des spécialistes, mais plutôt la prise de recul sur notre quotidien avec les mots du quotidien. La philosophie ? Nous sommes tous philosophes, même si souvent nous nous exprimons avec des lieux communs. Ce qui compte c’est le commun, ce qui nous appartient, ce que nous échangeons. Et il y a quelque fatuité chez ceux qui voudraient réserver cette mise en commun à des Platon professionnels.
Ainsi de l’échange que j’eus la semaine dernière avec mon ami Marcel- qui est loin d’être….-autour de cette fameuse question évoquée par Leibniz.
Avant d’aller plus loin je tiens à rassurer ceux qui me connaissent, je ne suis pas un familier de Leibniz, au contraire du Canard enchaîné. Et c’est par hasard , en retrouvant dans mon grenier un vieux manuel de philo que je suis tombé sur cette fameuse question : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Question basique et comme fondatrice de la métaphysique. Ce fut comme si je retrouvais le parfum de mes adolescences. A son énoncé, lors d’une visite un après-midi d’octobre, je vis mon ami Marcel sombrer soudain dans ce qui ressemblait à une profonde réflexion. Il se tut plusieurs minutes, grignota un petit beurre (il en avait toujours deux ou trois dans sa poche, au cas où..) et , calmement, s’exprima : « Bah, c’est comme ça ». « Par contre, l’inversion des termes est beaucoup plus intéressante, m’assura-t-il. « Pourquoi y-a-t-il rien plutôt que quelque chose ? » Intéressé je lui demandai de développer ou , au moins , d’illustrer son propos .. « Bah, c’est simple : observe le PS et tu trouveras un début de réponse » Et il ajouta, un sanglot dans la voix : « Jaurès, réveille- toi, ils sont devenus mous ! »
 Il est comme ça, Marcel.
Joyeuses fêtes

MA

30 frimaire 228