
L’AUDIO-DESCRIPTION avec Christiane DAMPNE ou « comment rendre visible l’invisible ? » Officiellement créée en France en 1989, l’audio-description consiste à décrire à l’intention des personnes aveugles et malvoyantes des films, pièces de théâtre, spectacles de danse et de cirque, expositions, et toute autre expression artistique comportant des images. Depuis la loi de 2015, l’audio-description s’est développée pour la télévision et le cinéma. Dans le domaine du spectacle vivant, les personnes aveugles et malvoyantes peuvent aussi suivre de nombreuses représentations théâtrales ou des opéras en écoutant l’audio-description à l’aide d’un casque. En revanche c’est beaucoup moins répandu pour la danse et le cirque.Notre invitée Christiane Dampne, réalisatrice sonore mais aussi spectatrice, avide de chorégraphies est habitée par cette question : comment rendre perceptible un spectacle de danse à des personnes aveugles en dépassant la seule description des actions ? Autrement dit, comment mettre en mot la danse – écrire la danse ? Et comment doser ces mots, ni trop, ni trop peu, pour tisser une passerelle vers l’univers de la chorégraphie ? Deux émissions pour aller toucher de près le sensible et l’émotion ; écoutez, vous allez voir…
PREMIÈRE EMISSION DU 23 NOVEMBRE 2023
– Trois extraits de la pièce chorégraphique “Umwelt” de Maguy Marin en compagnie de spectateurs aveugles ou malvoyants, d’audiodescriptrices ainsi que de la chorégraphe et danseurs de la compagnie. Une expérience signée Christiane Dampne qui déplace les contours de nos univers perceptifs, réalisée par Véronique Samouiloff Christiane Dampne a rencontré Marina Nguyen Dinh An, étudiante en master Arts de la scène et du spectacle vivant qui rédige un mémoire sur la réception non-visuelle de la danse et l’accessibilité des spectacles chorégraphiques pour les personnes mal- et non-voyantes, faisant écho à son propre questionnement. Marina Nguyen Dinh An se forme à l’audiodescription en danse auprès d’Audrey Laforce en travaillant ensemble sur la pièce chorégraphique radicale Umwelt de Maguy Marin, créée en 2004.Audrey Laforce, audio-descriptrice confie “J’ai l’impression d’être les yeux de quelqu’un ; on est les yeux de fait, techniquement. Mais quel regard on a ? Le plus important, ce n’est pas tant d’être un organe pour quelqu’un. C’est quel type de regard on porte ?“. Dès lors, comment ne pas assécher la proposition artistique et suggérer des images sans imposer l’interprétation de l’audio-descriptrice ? La gageure est de taille d’autant plus que la danse souffre de l’idée reçue selon laquelle elle serait tellement insaisissable que presque indéfinissable et indicible. Pour écouter l’intégralité du document-sonore :https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-experience/chacun-son-umwelt-peut-on-donner-a-perce-voir-la-danse-9894342
– Première partie du document « polyphonie chorégraphique » sur le spectacle « Mailles » de Dorothée Munyaneza danseuse, chorégraphe et chanteuse dont le travail “part du réel pour saisir la mémoire et le corps, individuels et collectifs, pour porter le voix de ceux qu’on tait, pour faire entendre les silences et voir les cicatrices de l’Histoire”. Le spectacle « Mailles », une traversée d’histoires mêlées. Un récit qui réunit la danse et la performance, le chant et la poésie. Six danseuses, comédiennes, performeuses, autrices, compositrices ; elles sont de Bristol, Port-au-Prince, Marseille, Séville ou Rotterdam ; elles sont africaines ou afro-descendantes. Elles sont le chœur d’une partition qui entremêle leurs vies à travers leurs corps, leurs récits, leurs trajectoires, leurs mémoires intimes ou collectives, leur engagement et leur force.Dorothée Munyaneza poursuit sa quête personnelle profondément ancrée dans son histoire familiale et celle de son pays natal, le Rwanda. Dans cette pièce chorale et solaire, elle célèbre la résistance perpétuelle, quotidienne, qui fait la force et la beauté de ces femmes. Dans cette symphonie à six voix, les corps en mouvement déploient la vitalité qui les unit par-delà les langues et les âges et font écho à notre humanité.
DEUXIEME ÉMISSION DU 30 NOVEMBRE 2023
Suite et fin du document sonore « Polyphonie chorégraphique » sur le spectacle « Mailles » en compagnie de Christiane Dampne Extrait des propos recueillis lors de la rencontre avec Dorothée Munyaneza sur France Culture le 24.02.2021
J’ai posé la question aux femmes dans Mailles et je leur ai demandé ce que les cloches leur évoquent. Certaines ont dit « ce sont les chameaux des grands-pères », d’autres disaient « ce sont les sons sur les flancs de la montagne en Europe » et d’autres qui parlaient de cérémonies vaudoues. Pour moi, la cloche c’est vraiment un souvenir d’enfance au Rwanda où j’entendais les cloches qui sonnaient à l’Eglise catholique, c’est lié à la religion catholique. Donc aussi à l’histoire de l’arrivée des pères blancs en Afrique, à la conversion des peuples africains au christianisme et à tout ce qui a été délaissé au nom de la religion, à toutes ces violences liées à la conversion. Pour moi, ce moment-là est l’ensemble des mémoires partagées. Dorothée MunyanezaMailles c’est notre vitalité, notre résistance aussi. Avant je pensais au terme résilience, mais après réflexion avec Ife Day, Yinka Esi Graves, Nido Uwera, Elsa Mulder et Asmaa Jama on s’est dit que la résilience avait une connotation trop finie dans le temps, on peut parler de résilience lorsque l’on a traversé une épreuve et que l’on est encore debout. Tandis que nous, ces femmes-là qui sommes dans Mailles, mais aussi les femmes en général, nous sommes dans une résistance perpétuelle, quotidienne et cette résistance-là fait notre force. Dorothée Munyaneza
Pour écouter l’intégralité du document-sonore http://www.docsonores.com/polyphonie-choregraphique-rendre-visible-linvisible/