pierre Bordage pour “L’évangile du serpent” aux éditions diable vauvert

Quatre « évangélistes » – Mathias, jeune tueur d’origine russe au visage d’ange, Marc, journaliste à la cinquantaine désabusée, Lucie, strip-teaseuse sur le Net et Yann, premier disciple – vont approcher chacun à leur façon un jeune Indien d’Amazonie élevé en Lozère, Vaï-Ka’i ou Maître-esprit en langue Desana. Les chemins de ces quatre personnages ne se croiseront qu’à la fin du roman. Chacun d’eux suivra une évolution personnelle émaillée de prises de conscience ou d’expériences déroutantes. À la fois chamanique et écologique, l’enseignement de Vaï-Ka’i prône une réconciliation avec la mère Terre malmenée depuis le mythe de la chute du jardin d’Éden et une vision cyclique du temps, opposée à la vision linéaire du temps génératrice d’un progrès fragmenté. Les disciples, de plus en plus nombreux, abandonnent leurs maisons qu’ils marquent du symbole du serpent double, ou la double hélice d’ADN, pour se lancer dans le néo-nomadisme. Les miracles qui fleurissent dans le sillage de Vaï-Ka’i lui valent une renommée croissante, qui attire des adeptes du monde entier, mais qui inquiète les autorités. Car c’est bel et bien la menace d’un bouleversement des valeurs établies et des notions de propriétés, de biens — les marchands du temple —, que font planer le « Christ de l’Aubrac et les néo-nomades ».Alors les pouvoirs en place vont riposter, d’abord par la calomnie, les faux témoignages, les procès, ensuite par le jugement suprême,celui de la télévision, et enfin par la sentence, la mort.Un grand Bordage, servi par un rythme narratif admirable et des personnages contemporains justes et émouvants, pour une entrée en littérature générale attendue.

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