Respirez vous êtes filmés – Émission du jeudi 22 février 2024 – Hommage à Christiane Singer

Une bulle de respiration comme un souffle en compagnie de Christiane SINGER et de son dernier livre publié sous le titre DERNIERS FRAGMENTS D’UN LONG VOYAGE qu’elle écrira suite à l’annonce de son cancer et du pronostic sévère de survie limité à 6 mois.

C’est un carnet de bord lumineux et sans concession de cette traversée où l’intensité de la souffrance et le processus de la maladie la font voyager entre les mondes. Ces propos bousculent totalement notre vision de la mort et de la fin de vie. Christiane Singer vit la maladie comme un chemin d’initiation et de connaissance comme un accès au plus haut des mystères.

Elle écrira : « Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes ».

Christiane SINGER était une chercheuse inlassable, au cœur métissé de traditions spirituelles et sources de sagesse. Elle avait le don de rechercher la merveille dans chaque chose.

Cette émission est consacrée à ce journal et à la lecture de quelques extraits où se mêlent joie et tristesse, souffrance et sérénité, vibration d’énergie et d’amour qui transcende toutes les oppositions et toutes les représentations erronées de la vie et de la mort.

Sans doute faut-il voir dans sa généalogie la raison de ce puissant hymne à la vie. Elle naît à Marseille en 1943, d’une mère catholique ukrainienne et d’un père juif hongrois, persécuté dans la Vienne des années 1930. Ses parents se réfugient en France au début de la guerre.

Depuis l’enfance, Christiane Singer se sent dépositaire d’un don : elle traverse l’apparence des choses et des personnes. Elle voisine avec le mystère. Son regard est « une passerelle entre le visible et l’invisible ». Par ses racines métissées, elle entremêle mystique, romantisme et vent du large. Ses aïeux tenaient une auberge solitaire, au cœur des Carpates, où l’on entendait parfois hurler les loups, et il leur arrivait de sauver des voyageurs pris en chasse par la meute… Dans un édito publié au Figaro Madame à l’occasion de Noël, en 2006, quelques mois avant sa disparition, elle relate : « Ma grand-mère m’a légué les loups, les forêts et la démesure en toutes choses : l’infini des terreurs et l’infini des espérances. » 

Du 1er Septembre 2006 au 1er mars 2007, Christiane Singer a tenu le journal de l’épreuve qu’elle traverse : « J’ai toujours partagé tout ce que je vivais ; toute mon oeuvre, toute mon écriture, était un partage de mon expérience de vie ».

Elle raconte son quotidien, les affres et le désarroi, comme la joie et le bonheur d’être qu’elle n’a jamais autant connus. Au fil des jours, du corps qui souffre puis s’apaise, de l’amour des siens, des visites, des prières [..], des descentes dans l’abîme et des montées de lumière, elle exprime cette force de disponibilité qui l’habite, cette allégresse profonde à magnifier la vie, à en recueillir la sève dans l’instant le plus infime. Un texte transparent, ardent, essentiel, l’aboutissement de toute une oeuvre. On y retrouve la même composition mêlant pensées, rencontres, anecdotes pour exprimer cette intensité d’être, la perception que tout en nous est coulée unique, joie et tristesse, souffrance et sérénité, une vibration d’énergie et d’amour qui transcende toutes les oppositions et toutes les représentations erronées de la vie et de la mort.
Elle décèdera de sa maladie en avril 2007 à l’âge de 64 ans


Elle dira aussi : « J’ai écrit un livre sur Les Âges de la vie. J’ai tenté de montrer ces métamorphoses de l’être au cours de la vie. Il est évident que tout cela ne vaut que si l’on a appris en cours d’existence à mourir. Et ces occasions nous sont données si souvent ; toutes les crises, les séparations, et les maladies, et toutes les formes, tout, tout, tout, tout nous invite à apprendre et à laisser derrière nous. La mort ne nous enlèvera que ce que nous avons voulu posséder. Le reste, elle n’a pas de prise sur le reste. Et c’est dans ce dépouillement progressif que se crée une liberté immense, et un espace agrandi, exactement ce qu’on n’avait pas soupçonné. Moi j’ai une confiance immense dans le vieillissement, parce que je dois à cette acceptation de vieillir une ouverture qui est insoupçonnable quand on n’a pas l’audace d’y rentrer. »

Musiques

Alim Qasimov, Hüsnü Şenlendirici, Rauf Islamov, Michel Godard – A Trace of Grace

Dead Can Dance Anabasis

Family Found (Vocal) – John Zorn

Sofiane-Pamart-nara

Vedic-love-song-sanskrit

Yann Tiersen – Porz Goret

Laboratorium Pieśni – Sztoj pa moru (Што й па мору)

Loreena McKennitt – The Mystics Dream

BO Sur les chemins noirs

Kae Tempest – Grace

Avant de nous quitter je voulais vous faire écouter ce merveilleux titre de kae Tempest qui s’appelle GRACE que je trouve magnifique et qui résume bien tout ce qui a été dit tout au long de cette émission ; je vous lis la traduction avant de l’écouter Prenez soin de vous et à bientôt pour une prochain émission. Bonsoir

Grace (traduction) par Kae Tempest

C’était la grâce

Étourdi par les dernières lueurs du soleil

Nous nagions dans une mer verte aussi profonde qu’un tambour

Et il y avait des choses que je devais enregistrer, louer

Des choses que j’ai à dire sur la plénitude et l’éclat de cette belle vie

La bien-aimée regarde le monde à genoux mais elle ne ressent rien

Et mon ami m’a dit “La mort, c’est comme enlever une chaussure serrée” et quand j’ai arrêté de me chercher, j’ai pu te trouver

Là où tout est transcendant

Je commence à m’ouvrir, je n’ai plus d’espoir, j’ai arrêté d’espérer, j’apprends à faire confiance

Je suis né sous cette lune rouge aussi et j’ai été complètement écrasé

Alors s’il te plait utilise moi

S’il te plait passe à travers moi

S’il te plaît libère moi

S’il te plaît, aide moi à me détendre

S’il te plait fais de la musique avec moi

Arrête tout

Fais du bruit et impose le silence avec moi

Fais l’amour, laisse-moi être l’amour

Laisse-moi aimer

Laisse-moi donner de l’amour, recevoir de l’amour et n’être rien d’autre que de l’amour

En amour et pour l’amour et avec amour, et pour l’amour et avec amour

Et l’amour a dit “Si tu fais sortir ce qui est en toi, ce que tu fais sortir te sauvera mais si tu ne fais pas sortir ce qui est en toi, ce que tu ne fais pas sortir te détruira”

Alors laisse-moi être l’amour

Laisse-moi aimer

Laisse-moi donner de l’amour, recevoir de l’amour et n’être rien d’autre que de l’amour

En amour et pour l’amour et avec amour