Une bulle de respiration comme un souffle en compagnie de Christiane SINGER et de son dernier livre publié sous le titre DERNIERS FRAGMENTS D’UN LONG VOYAGE qu’elle écrira suite à l’annonce de son cancer et du pronostic sévère de survie limité à 6 mois.
C’est un carnet de bord lumineux et sans concession de cette traversée où l’intensité de la souffrance et le processus de la maladie la font voyager entre les mondes. Ces propos bousculent totalement notre vision de la mort et de la fin de vie. Christiane Singer vit la maladie comme un chemin d’initiation et de connaissance comme un accès au plus haut des mystères.
Elle écrira : « Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes ».
Christiane SINGER était une chercheuse inlassable, au cœur métissé de traditions spirituelles et sources de sagesse. Elle avait le don de rechercher la merveille dans chaque chose.
Cette émission est consacrée à ce journal et à la lecture de quelques extraits où se mêlent joie et tristesse, souffrance et sérénité, vibration d’énergie et d’amour qui transcende toutes les oppositions et toutes les représentations erronées de la vie et de la mort.
Sans doute faut-il voir dans sa généalogie la raison de ce puissant hymne à la vie. Elle naît à Marseille en 1943, d’une mère catholique ukrainienne et d’un père juif hongrois, persécuté dans la Vienne des années 1930. Ses parents se réfugient en France au début de la guerre.
Depuis l’enfance, Christiane Singer se sent dépositaire d’un don : elle traverse l’apparence des choses et des personnes. Elle voisine avec le mystère. Son regard est « une passerelle entre le visible et l’invisible ». Par ses racines métissées, elle entremêle mystique, romantisme et vent du large. Ses aïeux tenaient une auberge solitaire, au cœur des Carpates, où l’on entendait parfois hurler les loups, et il leur arrivait de sauver des voyageurs pris en chasse par la meute… Dans un édito publié au Figaro Madame à l’occasion de Noël, en 2006, quelques mois avant sa disparition, elle relate : « Ma grand-mère m’a légué les loups, les forêts et la démesure en toutes choses : l’infini des terreurs et l’infini des espérances. »
Du 1er Septembre 2006 au 1er mars 2007, Christiane Singer a tenu le journal de l’épreuve qu’elle traverse : « J’ai toujours partagé tout ce que je vivais ; toute mon oeuvre, toute mon écriture, était un partage de mon expérience de vie ».
Elle raconte son quotidien, les affres et le désarroi, comme la joie et le bonheur d’être qu’elle n’a jamais autant connus. Au fil des jours, du corps qui souffre puis s’apaise, de l’amour des siens, des visites, des prières [..], des descentes dans l’abîme et des montées de lumière, elle exprime cette force de disponibilité qui l’habite, cette allégresse profonde à magnifier la vie, à en recueillir la sève dans l’instant le plus infime. Un texte transparent, ardent, essentiel, l’aboutissement de toute une oeuvre. On y retrouve la même composition mêlant pensées, rencontres, anecdotes pour exprimer cette intensité d’être, la perception que tout en nous est coulée unique, joie et tristesse, souffrance et sérénité, une vibration d’énergie et d’amour qui transcende toutes les oppositions et toutes les représentations erronées de la vie et de la mort. Elle décèdera de sa maladie en avril 2007 à l’âge de 64 ans
Elle dira aussi : « J’ai écrit un livre sur Les Âges de la vie. J’ai tenté de montrer ces métamorphoses de l’être au cours de la vie. Il est évident que tout cela ne vaut que si l’on a appris en cours d’existence à mourir. Et ces occasions nous sont données si souvent ; toutes les crises, les séparations, et les maladies, et toutes les formes, tout, tout, tout, tout nous invite à apprendre et à laisser derrière nous. La mort ne nous enlèvera que ce que nous avons voulu posséder. Le reste, elle n’a pas de prise sur le reste. Et c’est dans ce dépouillement progressif que se crée une liberté immense, et un espace agrandi, exactement ce qu’on n’avait pas soupçonné. Moi j’ai une confiance immense dans le vieillissement, parce que je dois à cette acceptation de vieillir une ouverture qui est insoupçonnable quand on n’a pas l’audace d’y rentrer. »
Musiques
Alim Qasimov, Hüsnü Şenlendirici, Rauf Islamov, Michel Godard – A Trace of Grace
Dead Can Dance Anabasis
Family Found (Vocal) – John Zorn
Sofiane-Pamart-nara
Vedic-love-song-sanskrit
Yann Tiersen – Porz Goret
Laboratorium Pieśni – Sztoj pa moru (Што й па мору)
Loreena McKennitt – The Mystics Dream
BO Sur les chemins noirs
Kae Tempest – Grace
Avant de nous quitter je voulais vous faire écouter ce merveilleux titre de kae Tempest qui s’appelle GRACE que je trouve magnifique et qui résume bien tout ce qui a été dit tout au long de cette émission ; je vous lis la traduction avant de l’écouter Prenez soin de vous et à bientôt pour une prochain émission. Bonsoir
Grace (traduction) par Kae Tempest
C’était la grâce
Étourdi par les dernières lueurs du soleil
Nous nagions dans une mer verte aussi profonde qu’un tambour
Et il y avait des choses que je devais enregistrer, louer
Des choses que j’ai à dire sur la plénitude et l’éclat de cette belle vie
La bien-aimée regarde le monde à genoux mais elle ne ressent rien
Et mon ami m’a dit “La mort, c’est comme enlever une chaussure serrée” et quand j’ai arrêté de me chercher, j’ai pu te trouver
Là où tout est transcendant
Je commence à m’ouvrir, je n’ai plus d’espoir, j’ai arrêté d’espérer, j’apprends à faire confiance
Je suis né sous cette lune rouge aussi et j’ai été complètement écrasé
Alors s’il te plait utilise moi
S’il te plait passe à travers moi
S’il te plaît libère moi
S’il te plaît, aide moi à me détendre
S’il te plait fais de la musique avec moi
Arrête tout
Fais du bruit et impose le silence avec moi
Fais l’amour, laisse-moi être l’amour
Laisse-moi aimer
Laisse-moi donner de l’amour, recevoir de l’amour et n’être rien d’autre que de l’amour
En amour et pour l’amour et avec amour, et pour l’amour et avec amour
Et l’amour a dit “Si tu fais sortir ce qui est en toi, ce que tu fais sortir te sauvera mais si tu ne fais pas sortir ce qui est en toi, ce que tu ne fais pas sortir te détruira”
Alors laisse-moi être l’amour
Laisse-moi aimer
Laisse-moi donner de l’amour, recevoir de l’amour et n’être rien d’autre que de l’amour
En amour et pour l’amour et avec amour