Aujourd’hui le voile sur le tabou de l’inceste se dissipe.
En janvier 2021, Camille kouchner, dans son ouvrage, “la Familia Grande“, dénonce les viols commis par son beau-père, politiste connu, sur son frère jumeau alors qu’il était mineur et décrit le mécanisme à l’oeuvre empêchant la victime de parler.
Ce récit soulève l’émotion d’un large public et s’ensuit une déferlante de témoignages de victimes d’inceste sur les réseaux sociaux.
Tout un chacun s’étonne et s’émeut de leurs souffrances qui perdurent au cours du temps. Que fait la justice en matière d’inceste et de violences sexuelles ? Que pourrait- elle faire ? De vifs débats s’engagent sur la reconnaissance des victimes, le consentement des mineurs, la prescription…
Pourtant ce combat n’est pas nouveau.
En 1986, Eva Thomas, invitée aux dossiers de l’écran pour la parution de son livre, Le viol du silence, a été la première femme à témoigner à la télévision, à visage découvert, du viol commis par son père alors qu’elle avait 15 ans. Son témoignage retentissant, a provoqué la stupeur dans l’opinion publique, libéré la parole des victimes et a été salué unanimement dans la presse. Fondatrice de SOS inceste , Eva Thomas n’a cessé de se battre pour que la honte change de camp et proposer une loi qui protège les mineurs des violences sexuelles et de l’inceste.
Cependant Il a fallu attendre 35 ans entre sa révélation et celle de Camille Kouchner pour que le déni de la société sur l’inceste se fracture à nouveau, qu’une commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants soit nommée et fonctionne, qu’une nouvelle loi établisse un seuil d’âge à 15 ans le non consentement pour tout acte sexuel commis par un majeur sur un mineur et à 18 ans en cas d’inceste, soit votée.
C’est un progrès. Est-ce suffisant ?
Quelles autres mesures doivent être prises pour maintenir la vigilance sur l’inceste, et sortir enfin de la culture du viol et de la domination.
Pour en débattre :
Eva Thomas :
Institutrice, puis rééducatrice dans les écoles, elle est aujourd’hui fondatrice de SOS inceste et est membre de la Ciivise et l’autrice de 2 ouvrages qui viennent d’être réédités en Octobre 21 : « Le viol du silence » aux éditions Fabert, « Le sang des mots » aux éditions Desclée de Brouwer.
Hélène Marce :
avocate , spécialiste du droit de la famille, accompagne le travail de SOS inceste et milite avec Eva Thomas pour un changement de loi afin que soient reconnues les violences sexuelles sur mineurs.
Marie Pierre Porchy :
magistrate, juge pour enfants, juge d’instruction, autrice d’un ouvrage « les silences de la loi » qui vient d’être réactualisé et édité chez Fayard en Février 21.