Qu’en est-il du désir d’enfant, de faire famille, quand il est difficile de procréer ?
Toutes les sociétés ont inventé des solutions pour pallier la stérilité. En France, depuis 1994, une loi dite de bio éthique, encadre et moralise l’assistance médicale à la procréation : le couple hétérosexuel en âge de procréer est au cœur de ce dispositif, les dons de gamètes sont anonymes et gratuits, la gestation pour autrui est formellement interdite.
Une loi qui accentue les inégalités sociales entre celles et ceux qui peuvent, selon leurs moyens, bénéficier ou non du cadre international pour réaliser leur désir d’enfant avec le recours, selon les cas, d’un tiers donneur ou donneuse de gamètes et/ou de gestation.
La GPA (gestation pour autrui), qui dissocie la gestation de la procréation, suscite de vives controverses et divise au-delà des clivages politiques habituels. Parce qu’elle ne dépend pas uniquement d’un acte médical, mais mobilise le corps reproducteur des femmes, elle porterait atteinte à la dignité et à l’autonomie des femmes porteuses d’une part et à l’intérêt de l’enfant d’autre part. Une pratique immorale pour les opposants qui revendiquent son abrogation universelle.
Qu’en est-il de cette immoralité ? Qu’en pensent les premières concernées, les femmes porteuses elles-mêmes ?
Une fois les parents d’intention revenus en France se pose la reconnaissance de la filiation de leur enfant. Comment le droit s’adapte-t-il à ces nouvelles configurations familiales ?
La GPA est une autre façon de faire un enfant. Ne pourrait-on l’envisager comme un véritable travail reproducteur, historiquement occulté, ayant une valeur humaine et sociale et méritant à ce titre une rémunération ? Ne faut-il pas alors faire un pas de côté, quitter la morale pour la justice, et réfléchir à un modèle français d’encadrement qui garantisse non seulement les droits des enfants et des parents d’intention, mais aussi ceux des femmes porteuses ?
Les invitées :
Marlène Jouan,
Philosophe. Université Grenoble Alpes et Institut de philosophie
Laurence Brunet,
Juriste. CNRS Université Paris 1
Virginie Rozée,
Sociologue. Institut national d’études démographiques