Emission du 11 Février 2020 : La transcendance de la pensée

Le terme transcendance (du latin transcendens ; de transcendere, franchir, surpasser) indique l’idée de dépassement ou de franchissement. C’est le caractère de ce qui est transcendant, c’est-à-dire qui est au-delà du perceptible et des possibilités de l’intelligible

La transcendance est apparue pendant longtemps comme une sorte d’évidence intellectuelle inéluctable, comme la garantie de toute pensée. Penser, c’est juger, juger c’est établir des hiérarchies. Je ne puis dire en quoi et dans quelle mesure une affirmation est vraie sans me référer à l’idée d’une vérité absolue, indépendante de moi, sur laquelle je n’ai aucune prise, qui est donc transcendante. Ainsi Descartes n’avait aucune peine à établir l’existence de Dieu, à partir de l’idée du parfait, qu’il trouvait impliquée dans chacun de nos jugements, présente dans chacune de nos pensées. Elle lui suffisait, puisqu’il connaissait le doute, et ne pouvait être lui-même la cause de l’idée du parfait, pour conclure que cette idée ne pouvait avoir été mise en l’homme que par un Etre effectivement parfait, Dieu. La transcendance était une évidence, précisément parce que toute analyse de notre propre pensée nous renvoyait à elle, parce qu’un lien ontologique liait notre pensée elle-même à la transcendance d’une façon telle que toute pensée sans elle devenait impossible. Nier la transcendance, c’était se nier soi-même en tant que sujet pensant. Ne pas reconnaître l’existence d’un Dieu transcendant, c’était non seulement être insensé, mais se condamner soi-même à le demeurer.

extrait de l’article “La crise de la transcendance” de Roger Mehl, 1969

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