Les éditoriaux

Temps des brumes et des frimas

Temps des brumes et des frimas, février se poursuit comme il se doit, selon la mythologie étrusque et les attributs de Fébrua, dieu de la mort et des purifications. Il n’est qu’a ouvrir le matin sa radio ou son journal pour vérifier l’efficacité de ce dieu étrange et picaresque, réplique du Pluton des Romains. J’y suis d’autant plus sensible que, fils d’une mère toscane , on devrait trouver dans mes veines quelques molécules étrusques , comme il se doit à Lucca où naquit mon grand-père contrebassiste , ville fondée par les Etrusques et colonisée par les Romains.


J’en resterai là s’agissant de mon intimité cellulaire. Et par les temps qui s’annoncent, si nous n’y prenons garde, mieux vaut se revendiquer berrichon de souche, normand par sa mère ou breton par son père ( encore que…si on cherche bien.)..que descendant d’étrange étranger.
Il reste que nous vivons une drôle d’époque. Drôle n’est peut-être pas l’adjectif qui convient et le recours abusif aux épithètes , c’est bien connu , affaiblit la vigueur du style et du propos. Mais il faut noter que ce que nous entendons aujourd’hui ressemble à ce que l’on entendait déjà il y a cent ans :
« Aux sommets de la société comme au fond des provinces, dans l’ordre de la moralité comme dans l’ordre matériel, dans le mode commercial, industriel, agricole, et jusque dans les chantiers où il fait concurrence aux ouvriers français, l’étranger , comme un parasite, nous empoisonne.
Un principe essentiel selon lequel doit être conçue la nouvelle politique française, c’est de protéger les nationaux contre cet envahissement, et c’est aussi qu’il faut se garder contre ce socialisme trop cosmopolite ».


Envahissement, remplacement, rien de nouveau sous le soleil noir des fascismes. Zemour 2022 fait du Barrès 1921 : du copier-coller. Comme si un virus en sommeil se réveillait soudain sur un corps affaibli, ses valeurs dévoyées par des nostalgiques de Mauras et de Vichy.
Comment en est – on arrivé à ce point de désespoir ?
L’école ? Quoi l’école ?
Restons-en là. Plutôt que développer je préfère en rester là . Juste un poème en mémoire d’un grand serviteur de la fraternité, de la liberté et de l’égalité

Ballade pour un père mort A Pierre Alexandre Im

Père ô mon père obligatoire
Père des préaux et des cours
Père des temps imprécatoires
Père des siècles et des jours
Héraut des étreintes laïques
De l’encre et des cahiers gratuits
Père aux lunettes polémiques
Jamais la langue dans l’étui

C’était le temps des hannetons
Le temps des hommes à moustache
De la Semeuse avec ses bons
Et de monsieur Vidal-Lablache

Las
Déjà
La mort au pondoir
Concoctait dans le noir
Ses méta-trucs
Et ses méta – machins
Ses balles pour la nuque
Et ses étouffe-prochain
Le temps des hommes à moustache
De la Semeuse avec ses bons,
Et de Monsieur Vidal-Lablache

Las !
Déjà
La mort au pondoir
Concoctait dans le noir
Ses méta-trucs
Et ses méta – machins
Ses balles pour la nuque
Et ses étouffe-prochain

La Loire et la Seine inférieure
Les Alpes lles Pyrénées basses
César la Gaule citérieure
Au Congo le noir qu’on tabasse
Vernes Jules plutôt que Ptoust
Ni Dieu ni Maître ni Malin
Vous tous les curés dehors, oust !
Tout pour la veuve et l’orphelin

C’était le temps des sacrifices
Des hymnes rouges des boum-boums
Des neuf fois quatre trente six
Le temps de Monsieur Léon Blum

Las !
Déjà
La mort au pondoir
Concoctait dans le noir
Ses méta-trucs
Et ses méta – machins
Ses balles pour la nuque
Et ses étouffe-prochain

Père ô mon père en blouse grise
Père maître des craies des plumes
Et du vent de l’histoire en frises
Père courage entre l’enclume
Et le porte-manteau des sbires
Qui dit non quand David s’affiche
Sur ordre des buveurs de Byrrh
Au comptoir de Vichy-la-triche
C’était le temps des soupes rances
Des poux des hontes bues des nippes
De la soumission de la France
Vassale et de Pétain Philippe
Las !
Déjà
La mort au pondoir
Concoctait dans le noir
Ses méta-trucs
Et ses méta – machins
Ses balles pour la nuque
Et ses étouffe-prochain

Les filles en tablier bleu
A l’eau le malaga des dames
Et la galène quand il pleut
Les beignets les croque-madame
La Tuilerie les Batignoles
Train des banlieues de Seine et Oise
Mon père à la proue de l’école
Règle de trois bleu des gauloises

C’était le temps de la Rémarde
Et des chevesnes vif-argent
Le temps des prix et des cocardes
Et de monsieur Tanguy-Prigent

Las !
Déjà
La mort au pondoir
Concoctait dans le noir
Ses méta-trucs
Et ses méta – machins
Ses balles pour la nuque
Et ses étouffe-prochain

Père ô mon père d’agonie
Soûlé de glaires et de râles
Père de douleur infinie
Et là si près immonde et pâle
La mort près de sa couche
La mort en toute impunité
Qui guette la seconde louche
Où commencer l’éternité
C’était le temps des châtaigniers
Le temps des sous-bois odorants
Le temps des temps avant-derniers
Le temps de monsieur Mitterrand

Ô vous mes amis charitables
Ô vous carcasses recyclables
Vous les vivants qui trimballez
La mort la mort en pendentif
Plaignez le flagellent tardif
Qui pleure son maître en allé
Chantez quand le cœur désespère
Monsieur l’instituteur mon père

MA
septembre 1999

Suffit pour aujourd’hui
Portez-vous bien

MA

22 Pluviôse CCXXX

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