Les éditoriaux

Mars, dieu de la guerre et de la jeunesse

Mars, dieu de la guerre et de la jeunesse n’a jamais autant mérité ces attributs que cette année. C’est aussi le mois où, le 21, on fête l’arrivée du printemps. Et pour les plus âgés d’entre nous, le 22 , l’anniversaire de la naissance d’un mouvement : le « Mouvement du 22 mars » , animé par un certain Cohn-Bendit, à l’origine, avec d’autres, de ce que l’histoire retiendra sous l’appellation « les événements » de mai 68 .


Je dois l’avouer, j’avais, dans un premier mouvement, décidé de renoncer à cette chronique mensuelle. L’accumulation de mauvaises nouvelles, de cris et de fureur, me faisait douter de la pertinence et de l’utilité de ces intervention mensuelles. Je ne me sentais ni la force ni le goût de perdurer dans un entreprise qui ne mobilisait que son auteur.

Et l’actualité, tout entière dominée par les cris et la fureur, les sirènes et les bombes à 24 heures de voiture, les sinistres interventions de Zépen et Penours.

Je dois reconnaître que je prenais quelque plaisir à rédiger ces réflexions mensuelles et à ricaner de nos travers. Encouragé par mon ami Marcel, qui est loin d’être …, à traquer tout ce qui pouvait faire l’objet d’un commentaire ou d’un détournement susceptible de provoquer sourire ou indignation.


C’était sans compter sur l’empreinte paternelle, la mémoire d’un père instituteur, descendant des hussards noirs de la République, grand curophage qui ne renonça jamais à commenter son temps et à s’exposer aux dangers de son époque.

Ainsi donc, à l’encontre de son exemple, je renoncerais à livrer mon humeur, mon point de vue d’homme et de citoyen sur personnages et événements, avec d’autant plus de raison que le temps présent se boursouffle sous l’accumulation de sinistres situations où l’homo sapiens est de moins en moins présentable ? Allons donc !


A cet égard, comme l’on dit quand on cause dans le poste, comment ne pas réagir aux obscénités télévisuelles des marchands du temple. Ainsi de cette émission produite par Antenne 2 et la Croix-rouge au profit des réfugiés d’Ukraine Programmation respectable avec chanteuses et chanteurs évitant tout pathos, quand brutalement apparaît un premier spot publicitaire, puis d’ autres, aussi dérisoires, incrustés dans les images de cette manifestation de soutien.

Nagui, l’animateur, conscient de la gène provoquée prit alors la parole pour préciser que ces annonceurs s’étaient engagés de remettre à la Croix-rouge le même montant que celui du cout de figuration par et pour la 2. Soit, mais le malaise persiste. Le fric, toujours le fric !

Même semaine , sur Arte cette fois . Attention, c’est du très lourd, de l’innommable, que la chaîne a choisi d’inscrire un mardi à une heure de grande écoute, un reportage sur le statut des femmes au sein de l’église romaine et notamment sur l’histoire d’une jeune religieuse venant tout juste de prononcer ses vœux , prise en charge par son père spirituel, protégé par son statut sacerdotal et l’omerta de l’église catholique. pour l’initier au cunnilingus et aux fellations- les voies de Dieu sont,comme chacun sait, impénétrables- prêtre rejoint par un autre prêtre, frère du premier, et pour un calvaire qui durera plus de vingt ans. Terrible enquête qui, durant deux ans, a recensé de multiples témoignages où les mécanismes d’emprise sont analysés, ainsi que les processus d’infériorisation des femmes, condamnées à avorter, si nécessaire, avec la bénédiction silencieuse de l’institution, silence habituel et déjà efficace quand il s’agissait des prêtres pédophiles.

Saluons au passage Arte et le service public pour le courage de leur programmation qui, à ma connaissance, n’a pas été suivie de cris d’orfraie de la part de Christine et de Ludivine.
Le 22 mars c’est aussi le dernier jour du mois de la poésie. Poésie ? Vous avez dit poésie ? La poésie ne sert à rien, c’est bien connu. Alors, je passe !
Et Dieu dans tout ça ?
« Puisque l’ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croit pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel où il se tait »
Il faut toujours relire Camus.

Prenez soin de vous,

MA

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