Le Planning : Etat des lieux à 60 ans

lundi 25 avril 2016 par Radio-Grésivaudan

 

Le Planning Familial vient de fêter ses 60 ans à Grenoble. Ce n’est pas un hasard. Si tout a commencé à Paris avec la création en I956 par le Docteur Weil Hallé de la Maternité heureuse qui deviendra en 1960 le Planning Familial ( l’objectif est d’abroger la loi de 1920 ), les premières conquêtes pour le libre choix des naissances se sont déroulées à Grenoble.

Le Docteur Fabre ouvre officiellement le 1er centre du Planning en Juin 1961 pour permettre l’accès à la contraception pour tous . On imagine l’inventivité de ces premiers militants pour se procurer les contraceptifs et répondre aux besoins d’un public de plus en plus nombreux Ce fut le début de la révolution contraceptive jusqu’à sa légalisation avec la loi Neuwirth votée en 1967. Une demi-victoire pour ces militants car la loi est trop restrictive et les décrets d’application sont différés jusqu’en 1972.
Un droit fondamental certes mais qui ne suffit pas pour une nouvelle génération imprégnée du mouvement libertaire de Mai 68. La dépénalisation de l’avortement doit accompagner la généralisation de la contraception. La mobilisation est lancée avec le manifeste en 1971 des 343 femmes qui déclarent avoir avorté. Le Planning Grenoblois s’engage dans ce combat, met ses locaux à disposition d’une femme médecin et d’étudiants en médecine, tous formés à la méthode Karman pour pratiquer des avortements. En 1973. ce médecin, Annie Ferrey Martin est arrêtée et inculpée d’avortement et des militants du Planning grenoblois sont arrêtés(e) puis relâchés(e). L’affaire fait grand bruit et aboutit à un non lieu. Les demandes affluent au Planning , les médecins pratiquent des avortements, forment leurs confrères, l’association organise des voyages en Angleterre pour que toutes les femmes qui le désirent puissent avorter. Ces luttes contribuent à la loi Veil, votée en janvier 1975 dans un climat d’hostilité, d’abord à l’essai pour 5 ans et reconduite en 1979. Pour la 1ere fois, la sexualité est dissociée de la procréation. Les droits des femmes à disposer de leur corps marquent une 1ere étape vers l’égalité entre les sexes. D’autres combats seront menés au cours des décennies pour que les hommes et les femmes s’émancipent des normes qui les définissent .
Qu’en est-il aujourd’hui de l’héritage du Planning, mouvement d’éducation populaire et féministe ? Il est évident qu’au fil du temps, pour les nouvelles générations, les enjeux se rejouent et se transforment dans des contextes sociaux, politiques, économiques, éthiques différents.
Que signifie aujourd’hui les slogans qui ont porté les revendications féministes, qui touchent au rapport entre les sexes et qui avec le temps se sont complexifiées : les droits acquis peuvent-ils être un aboutissement ? 
Quels sont les nouveaux enjeux et les formes de ce que l’on peut appeler le féminisme à travers les pratiques du Planning Familial ?

Pour en parler :
Françoise Laurant –Universitaire - Présidente du Planning Régional Rhône Alpes . Membre du CA national et départemental. Membre d’honneur du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes.
Florence Gros – Conseillère au Planning de Bourgoin. Membre du bureau régional.


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