Glisser de l’idyllique paradis terrestre au cynique paradis fiscal...
De nombreuses choses sont dures à constater quand on les regarde droit dans l’iris.
On fait souvent le non-choix de les ignorer parce qu’elles nécessitent la démarche éthique et intellectuelle d’aller fouiller pour éclairer et faire face, avec goût du vrai, des aspects de la réalité. Peut être faut-il aussi un « climat » favorisant l’espace intérieur pour s’y jeter. L’éthique et la critique ne devraient pourtant pas être des affaires de spécialistes...
C’est moins houleux et plus simple de relèguer la vraie noirceur du monde au plan de la méta-information qui nous dépasse, qu’on aurait pas vue, qu’on aurait pas pu voir parce qu’on consent quelque part à être mal informés, désinformés.
Choix délibéré de nous maintenir tous dans l’ignorance de la barbarie générée par une soit-disant « civilisation » occidentale.
C’est pas le retour de Sarkozy, c’est pas la prétendue « crise financière » dont nous serions frappés, c’est l’impression qu’on en sortira jamais de monde sans queue ni tête, c’est ce qui compromet chacune de nos impulsions, de nos élans : c’est un silence, au fond, qui donne un arrière goût de malaise.
Du silence dans un monde qui ne cesse d’annoncer, publiciter (et non pas plébisciter), fracassant tout et rien. Qui veut offrir le luxe stupide de ne pas penser, de ne pas avoir à s’indigner, mais fait l’impasse sur l’essentiel : des faits qui, quand on ose déplacer le tas lourd et rugueux de pierres qui repose dessus, invitent justement à penser et à s’indigner très fort.
Car c’est toujours l’effet que ça me fait quand je lis des ouvrages sur l’Afrique qui lèvent le voile sur le cynisme mondial. Car si il y a bien quelque chose de mondial, c’est ce cynisme de la politique esclavagiste, mafieuse, néocolonialiste et nocive.
Faire parti d’un corps dont on maltraite, détruit, affaibli sciemment une partie des organes vitaux. Comme délibérement tuer un continent pour mieux s’assoir.
C’est le sentiment que me laisse la lecture du livre « De la Mafiafrique à la Françafrique », de François-Xavier Verschave, restituant une conférence que l’ancien membre fondateur de l’association Survie donnait devant une assemblée d’éducateurs spécialisés de la région parisienne, en 2003 : Paradis fiscaux sans loi, armes, pétrole, épidémies, antiaméricanisme apparent, sont les nerfs diaboliques de la guerre.
Les très médiatiques et connus, élus et pour certains admirés, pour ne citer qu’eux : général De Gaulle, Chirac, Pasqua, le Pen, Sarkozy, Hollande... tous ayant ce point commun d’avoir la même implication très grave dans ces systèmes de domination pervers dont le mercenariat et les grandes entreprises pilleuses de ressources sont les bras s’agitant sur le terrain.
On oublie trop souvent que malgré les différences politiques apparentes, tous ensemble concentrent leur effort pour alimenter le même système qui dépasse l’Europe, l’Amérique, qui dépasse les autres pays qui crèvent, crèvent les yeux et aussi l’entendement.
Cette boulimie mondiale dont l’argent est LA valeur non-éthique.
Les moyens pour faire perdurer les plus gros PIB sont les pires :
dictatures arrosées de privilèges auxquelles on oppose la blanche colombe démocratique et où les populations meurent de faim, de maladie, de s’être entretuées à cause d’ethnisme et de propagande...
Occidentaux gâtés de matériel et réellement dépourvus de toute souveraineté sur eux-mêmes, dépouillés de bon-sens et de capacité d’agir par ce silence profond et sans écho... Tous ces meurtres qui sous-tendent nos vies...
Continuons à braquer les projecteurs sur les monstres qui organisent ce sanglant et horrible théâtre. Ne laissons pas la misère éthique devenir le plus grand fléau de l’humanité.
E.G