Editorial du 27 fevrier au 6 mars

vendredi 27 février 2015 par Radio-Grésivaudan

Joindre l’inutile à l’agréable
Rentabiliser, utile – iser, se rendre utile, efficace, effectivement.
Que sont l’utile, l’efficient, le rentable, au regard de gestes d’apparence inutiles, là pour être là, ne servir rien d’autre que le vide – au sens taoiste du terme - dans lequel ils s’enracinent ?
Si l’essentiel était simplement contempler, faire un pacte avec l’air ambiant, avec ce qui s’offre constamment à nous comme occasion de se réjouir et d’être vivant.
Libéré du temps, voire des limites imaginaires de l’espace.

Dans certaines philosophies du soleil levant, c’est justement à l’endroit du vide et de la non efficience que nous sommes justes, à la bonne place.
Faire le vide en soi, c’est méditer. Allers et retours des essuies-glaces sur la surface de nos yeux, ne pas ingurgiter trop de nourriture mentale pour l’égo.

On a bien le droit de ne pas croire aux frontières intérieures et extérieures, bien que notre consentement nous mènent parfois là où il ne faudrait pas aller.
On peut « être » au présent, à soi-même et aux autres en ayant ce sentiment d’empathie profond, on peut glisser le « moi » derrière le rideau au profit d’un accord sans discorde, avec ce qui nous entoure.
Un sort aux opinions, points de vue, de ce qui nous divise, isole, créée une faille.
Autrui n’est plus le danger, la souffrance, mais il est nous.

Le bonheur, c’est peut être aussi de débrancher un bon coup.
Eteindre BFM TV, éteindre facebook, éteindre toute sorte de source d’information engendrant la prolifération de point de vue, d’opinions... Se libérer de cette soupe de l’expression devenue obligatoire, pour parler du dernier grille-pain qu’on s’achète ou du chiot merveilleux avec lequel on pose en photo sur les réseaux sociaux, pour l’abandonner 2 mois plus tard parce qu’il est devenu trop gros et trop gourmand...

Mettre au trou les affirmations péremptoires, insultantes à l’égard de quiconque, arrêter de prétendre que la liberté d’expression appartient à nous, l’obscurantisme aux autres, arrêter d’avoir peur de mourir chaque matin et écraser son prochain pour se sentir vivant.

.C’est point de vue que d’écrire tout ça, je l’admets, mais l’exercice de l’édito me demande un peu d’emprunter une posture. Je l’émets et la partage en espérant seulement qu’il nourrisse vos caboches au lieu de les encombrer... !

E.G


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