Bon, nous y voilà ! Je n’y échapperai pas. Le mois n’est pas terminé et faire l’impasse sur la présentation des vœux serait, à coup sûr, mal perçu par une majorité de lecteurs/auditeurs. Ce n’est pas tant l’aspect convenu , quasi rituel , de la chose qui me gène , mais plutôt l’indigence de ma ressource personnelle s’agissant de formulations adaptées, de mots forts éveillant chez les receveurs frissons d’aise et bouffées d’empathie. Tout ce qui me vient à l’esprit, tout ce qui s’inscrit sur ma page est d’une rare pauvreté, entre lieu commun et néo-slogan, et le plus souvent déjà usé par des années de vœux, dits -encore heureux- sincères. Et n’y a-t-il pas quelque chose d’intrusif à pénétrer par voie postale ou courriel dans l’intimité des autres, fussent-ils nos amis , pour leur souhaiter tout un tas de choses dont la probabilité de réalisation est souvent faible. Et ne vous méprenez pas sur mon attitude : je suis plutôt bienveillant et d’une nature affable . J’ai beaucoup d’amis et j’aime l’humanité entière, sauf peut-être les chasseurs et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un curé, mais je crains toujours de tomber à plat parmi les multitudes de vœux de bonheur et de prospérité et pire, de promettre plein de bonnes choses en souhaitant qu’elles se réalisent à quelqu’un dont le chien vient de se faire écraser par un chauffard* ou dont la grand-mère écolo est morte étouffée dans une manif pour la sauvegarde de l’aloe vera. Alors, plutôt que de risquer l’impair et la mièvrerie , je m’en tiendrai, cherzauditeurs, à cette sage préconisation : « demerdenziezich »,je vous fais confiance et mes vœux vous accompagnent !
Ajouterais-je que , personnellement, l’année a plutôt bien commencé, grâce à la fréquentation -modérée- d’un délicieux foie gras, ennobli au Jurançon, n’en déplaise à Mademoiselle Pamela Anderson et que tout se présentait plutôt bien jusqu’ à l’intrusion sur ma page courriel de publicités dont la pertinence doit être interrogée. Ainsi de cette invitation à rencontrer près de chez moi une « femme mature ». Mature, qu’est-ce à dire ? Selon mon Robert préféré « mature a été remplacé par mûr au sens figuré de posé et s’est spécialisé dans des emplois plus techniques. Exemple : « Poisson mature, prêt à frayer ». Diable ! Et près de chez moi, en plus ! Ma page mail n’est pas un bocal et je trouve insupportable qu’on y vienne barboter. Et j’ajouterai que ce genre d’annonce vaut son pesant de machisme. As-ton jamais vu une annonce invitant à la rencontre d’un « homme mature » , et pourquoi pas, laité pour faire plus vrai.
Il reste que mon optimisme viscéral a fini par prendre le dessus : il a suffi d’un ciel devenu bleu enluminé par un soleil quasi printanier pour que je reprenne force et vigueur, à l’aube d’une année qui, je n’en doute pas, sera le terreau fertile où s’épanouiront nos entreprises, nos amours et la baisse des loyers. Les premiers effets de cette mutation se font déjà sentir et vous avouerai-je que j’ai été ému presque jusqu’aux larmes à la découverte dans la presse des bonnes pages de « La France pour la vie » où Nicolas S. appelle Confucius à la rescousse pour l’aider à confesser ses fautes lui qui a « abaissé la fonction ». Une telle humilité ne peut pas laisser indifférent, on se sent touché au plus profond de soi, comme dans une chanson de Julio Iglesias. C’est ça aussi 2016.
Bonjour chez vous ,
* pas forcément maghrébin
3, Tridi pluviôse 224
MA