22 et 29 mars. Dans un peu plus d’un mois.
De chaque côté du passage au printemps.
Oui, lectrice, lecteur, je perçois l’intrigué(e) dans le sourcil qui se lève légèrement.
Le fait est, qu’à moins d’être mouillé jusqu’au coup dans les affaires publiques, beaucoup ne mettent pas d’évènement sur ces dates. Eclairons donc un peu.
Les départementales.
Ça ne vous dit rien
Les cantonales, telle était leur dénomination jusque là et c’est ainsi d’ailleurs que je continue de les appeler.
Les conseils généraux. Votre caonseiller général.
Ah oui ! La revue mensuelle sur papier glacé, les maisons de retraites, le cancer, les familles d’accueil, les inaugurations, et les associations qui bougent, la foulée blanche et l’éleveur de biquettes.
Ah !... Les partis politiques, l’inexorable montée du FN sur fond de peuple bafoué, de parole étouffée, de Charlie assassiné, et à la fin la présidence PS, UMP, un coup oui un coup non, et les beaux discours, les belles paroles pour notre bien disent-ils…
Ah ! Cela tombe mal, élections pièges à cons, j’irai traquer le castor sur les bords du lac Titicaca.
Mais dites-moi, je croyais que l’austérité les avait passé à la trappe ! (pas les castors, les Conseils Généraux !)
Bon, voici un édito mal barré, semble t-il…
Temps durs pour celui qui doit répondre présent devant son clavier. S’il ose s’aventurer sur un des sujets sensibles du jour, par exemple la laïcité, le peu d’assurance de son propos, perceptible dès la première ligne, transformera son texte en cible idéale aux snippers dialectiques de tous poils, déchainera les tablées arrosées autour d’un repas dominical.
De fait, l’éditorialiste abordera la question quand il se sera fabriqué un bunker mental hors de prix payable en trente mensualités et tentera une prose sur un thème moins casse gueule. Mais en existe-il et je m’écarte du sujet.
Revenons donc aux cantonales. Voilà un nom commun qui fleure bon le vieux terroir, à la croisée du camembert coulant et de Justin Bridou, aromatisé d’un zeste de travailleur en bleu, qui pelle en main, casse des cailloux en bord de « départementale ». Absolument pas tendance, et en passe de disparaître du mille feuilles, mais qui décliné en territoires (si proche du terroir) prend soin de nos routes, de nos collégiens, de notre santé, et subventionne les aménagements de nos communes.
Soucieux du temps imparti à la lecture de ce texte et prêt à aller voir ailleurs d’un clic ferme et définitif, on me presse de faire vite, on m’interroge du bout des doigts : de quoi est-il question ? De retape pour aller voter ? D’une méthode assimil d’éducation civique ? De la réforme territoriale de HollandoValls ?
Ainsi, avant que l’écran ne s’efface dans un zapping excédé, et histoire de sauver ce qui peut être sauvé : les routes défoncées, les collèges numériques, la santé vacillante, une aire de jeux et la longue liste des besoins en équipements de nos collectivités, je précise que, accessoirement, au-delà des salaires des hommes politiques, et des personnels du Conseil Général, celui-ci joue un rôle non négligeable dans la construction du pays.
On me rétorquera que les Communauté de Communes prendront le relais, et que d’ailleurs, elles endossent déjà les habits de la politique politicienne du CG (pour les intimes) et deviennent le nouveau terrain de batailles des forces en présence : gauche-droite-gauche-droite, garde à vous.
Catastrophe ! Comment sortir la tête haute de ce texte bourré de chausse trappes.
Tentons une dernière cartouche. Et si ces élections, celles de l’après Charlie, étaient l’occasion d’interpeler nos candidats sur une autre façon de faire de la politique, seule façon je crois, de répondre au vide béant des extrémismes de tous poils. Je m’explique : globalement, aujourd’hui chaque habitants-citoyen cherche à ce que la collectivité réponde à ses attentes. Il est légitime de revendiquer pour tous des services ou des biens auxquelles certains accèdent. Quel est le rôle de l’élu ?
Ah, je vois que je vous intéresse.
Répondre aux intérêts particuliers des personnes qui lui ressemblent ? Ce que fait fort bien la classe politique dominante répondant par là au principe de Liberté, elle libère les règles collectives contraignantes (ces affreux avantages sociaux), pour mieux permettre le profit de quelques uns. On voit où on en est aujourd’hui.
Ou au contraire, placer ces revendications dans une construction Républicaine autour des symboles forts que sont la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, dans un projet politique éducatif et coopératif, très éloigné de celui de FN et du populisme. Une gouvernance politique, dont les meneurs ne seraient plus des technocrates accrochés à leur calculette, mais des acteurs « politiques » au sens noble du terme, des commis de l’Etat qui redonneraient au mot ses lettres de noblesse. Travailler sur le territoire local pour construire des projets qui font sens et intègrent toute la population, non pas contre, mais avec.
JM.F